Mon univers est un lapsus
Auteur: Gilles Latour
Reflet esthétique d’une aventure langagière, Mon univers est un lapsus, de Gilles
Latour, repose sur la perception d’un univers – social et culturel, voire cosmique –, en
mouvance constante, soumis à des forces essentiellement aléatoires qui déterminent
des répercussions, tant chez les individus que dans les collectivités: conflagrations
psychologiques, mutations des structures affectives, intimes et linguistiques,
catastrophes dites naturelles.
Le recueil s’articule autour de l’hypothèse théorique, en psychologie, qui prétend
que de banals accidents de langage révèlent les pulsions du subconscient; ainsi les
« lapsus », observés à l’échelle cosmique, seraient-ils des aperçus d’un « surconscient »,
dont le caractère imprévisible et la violence infinie même révoqueraient en doute la
légitimité de l’existence, ou, du moins, la fragilité des amours humaines, la précarité
des idéologies philosophiques.
Le recueil s’ouvre sur 11-3-11, date du séisme et du tsunami qui ont dévasté le
Japon, voilà quelques années: le 11 mars 2011. La dispersion des images poétiques,
la disposition typographique et les parcours de lecture suggérés font pendant aux
paysages disloqués, médiatisés à l’époque. La force du désastre et les retombées
nucléaires, attribuées à la technologie humaine, balaient et mélangent tout sur leur
passage: minéral, végétal, animal – tout est brisé, tué, contaminé.
Les sections subséquentes poursuivent l’exploration, mais s’intéressent désormais
aux incidents de la vie individuelle et sociale, qui surgissent à l’improviste pour secouer
nos convictions intimes, nos illusions de sécurité, de stabilité et de progrès, y compris
celles du langage et de la poésie.
Enfin, dans la dernière section, la lentille s’élève graduellement vers le ciel: plus
haut, plus loin, plus noir, plus froid… plus rien.