Deux lèvres pour se taire
Auteur: Jacqueline Vecquemans
Au bout du lac montait l’appel morose des bernaches. Le vent dormait. Pour être agréable à Mérimie, Adèle s’était glissée dans l’eau et nageait résolument. Puis, se rendant compte qu’elle avait dépassé son cap habituel, elle avait été envahie par un sentiment d’indifférence à la possibilité de manquer de force pour revenir à son point de départ. On dit que la mort par noyade est douce. Je n’aurais qu’à me laisser couler... L’eau étale, du même gris que le ciel, rejoignait celui-ci à l’horizon, s’en distinguant à peine. Les bernaches avaient cessé de s’interpeller. La nature semblait attendre la décision d’Adèle. En se remémorant les passages les plus importants de sa vie, chaque personnage du roman, de l’arrière-grand-maman Annonciade au petit Guillaume, nous entraîne au cœur d’un monde où le silence est à double tranchant.