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12 février 2021

Drew Hayden Taylor : S’approprier la figure du vampire

Avant d’être publié en roman pour adolescents, The Night Wanderer (Le rôdeur de nuit) de Drew Hayden Taylor a premièrement pris la forme d’une pièce de théâtre pour ados, intitulée A Contemporary Gothic Indian Vampire Story, en 1992. Taylor sentait toutefois que l’univers de ce projet était trop grand pour le théâtre et qu’il conviendrait peut-être, un jour, à un autre genre littéraire. Dix ans plus tard, Annick Press, une maison d’édition de littérature jeunesse basée à Toronto, demande à l’auteur de transposer cette histoire en roman pour ados. Un projet d’écriture de 50 000 mots, publié en 2007, qui deviendra le dix-huitième livre d’Hayden Taylor ainsi que son premier roman à l’attention du lectorat adolescent.

Afin d’écrire ce roman, l’auteur, le chroniqueur, le cinéaste, le conférencier et le dramaturge a dû fouiller dans des livres et des documents divers qui relatent la vie d’il y a 350 années. Il avoue même avoir demandé à son agent de voyages de lui préparer un trajet pour un vampire qui souhaite voyager de l’Europe au Canada. C’est d’ailleurs dans ce livre que Taylor s’est amusé à reprendre et à « autochtoniser » la figure du vampire, une créature mythique popularisée en Europe depuis le XVIIIe siècle. Le rôdeur de nuit de Drew Hayden Taylor, dans une traduction d’Eva Lavergne, paraît ces jours-ci aux Éditions David. « Un roman gothique autochtone », pour reprendre les mots de l’auteur, dans lequel sont abordés les défis de l’adolescence, la transmission de la culture et, surtout, la nécessité de ne jamais abandonner.

Dans cette aventure, les jeunes lecteurs suivront les protagonistes, Tiffany Hunter, une adolescente autochtone de la réserve fictive de Lac-aux-Loutres, dans le centre de l’Ontario, et Pierre L’Errant, mystérieux homme de descendance anishinaabe qui débarque d’Europe. Affectée par le départ de sa mère, Tiffany cherche à prendre en main son existence, entre son père et sa Mamie Ruth. Alors qu’elle compose déjà difficilement avec l’autorité de son père, les exigences de l’école et le début d’une relation amoureuse avec un garçon non autochtone, la jeune fille voit sa vie bousculée par l’arrivée soudaine de Pierre L’Errant, que son père a décidé de prendre comme chambreur. Pierre, quant à lui, est aux prises avec une lutte intérieure entre le bien et le mal, alors qu’il cherche à mettre fin de façon honorable à sa vie de vampire…

D’origine anishinaabe et membre de la Première Nation de Curve Lake dans le centre de l’Ontario, Drew Hayden Taylor se déplace souvent aux quatre coins du globe, mais continue d’écrire à partir d’un point de vue autochtone, et toujours avec une bonne dose d’esprit et d’humour. Il est l’auteur d’une trentaine de livres de différents genres, dont le théâtre, le roman, les nouvelles et la littérature jeunesse. Outre ce roman pour adolescents, deux livres signés Drew Hayden Taylor ont été traduits vers le français, soit C’est fou comme t’as pas l’air d’en être un !, en 2017, chez Hannenorak (The Best of Funny, You Don’t Look Like One, Theytus Books, 2015) et Le baiser de Nanabush, en 2019, chez Prise de parole (Motorcycles and Sweetgrass, Knopf Canada, 2010).

Au loin, il entendait les habitants qui un à un allaient se mettre au lit. Qui vivaient leur vie de simples mortels. Dans certaines cultures, le hibou grand-duc était un symbole de malheur ou même de mort. Certains voyaient l’étranger du même œil.

Au fil de ses innombrables années, il avait souvent tué. Sans y penser. Sans faire d’effort. Pour ces voix là-bas qui se préparaient à dormir, il représentait un danger. Autant qu’un grand-duc pour une souris. Il était fort. Il était discret. Il était redoutable. (p. 91-92, extraits tirés de Le rôdeur de nuit).

En librairie depuis le 20 octobre 2020 !

Feuilletez les premières pages du roman Le rôdeur de nuit.